Ernst Menzi et sa pelle araignée

Le succès ne se fait pas attendre, et le produit est particulièrement plébiscité à l’international. Poursuivant sur sa lancée, Ernst Menzi fait les années suivantes breveter de nombreuses versions améliorées de sa pelle araignée par l’IPI. De temps en temps, il s’aventure dans d’autres domaines, créant par exemple une chaise longue. Au cours de sa carrière, il fait breveter une quantité d’inventions, s’assurant ainsi jusqu’à 20 ans de protection contre les contrefaçons.

Aujourd’hui, l’entreprise, devenue une société anonyme en 1996, n’a plus de lien avec la famille Menzi, qui l’a quittée il y a bien des années. Le nom de la technique reste le seul rappel de cette histoire commune. « Il s’est passé tant de choses depuis la première invention », explique le directeur, Thomas Henke. Et de poursuivre : « Il y a un monde entre la pelle araignée originelle et les modèles actuels ! » L’entreprise a cependant conservé ce qui a fait son succès : l’innovation permanente.

Grâce à ses pattes d'appui, la pelle araignée peut travailler sur toutes sortes de terrains. « Nos machines ont souvent été dans des endroits normalement inaccessibles pour l’homme », raconte Thomas Henke. Si l'on voit souvent la pelle araignée dans les Alpes,  elle est aussi à l’œuvre dans les mines de cuivre du Chili, contribue à la construction de pipelines en Alaska et est employée dans la jungle indonésienne. Mais le plus gros marché en dehors de l’Europe, ce sont les États-Unis.

Et la machine a également permis de sauver au Chili une espèce de marsupiaux menacée d’extinction : « En deux ans, les pelles araignées ont retiré des pierres contaminées sur des terrains impraticables. Le succès de cette utilisation nous rend particulièrement fiers », s’enthousiasme le directeur.

Lorsqu’on parle d’innovation, il faut aussi penser à la protection de la propriété intellectuelle. Dans ce domaine, la Menzi Muck AG opte pour une approche mixte : « Nous comptons sur la vitesse à laquelle nous développons et commercialisons de nouveaux produits pour défendre notre avantage compétitif, notre but étant d’être constamment les premiers sur le marché », expose Thomas Henke. En tant que PME, l’entreprise est plus agile et peut exploiter plus rapidement ses idées. Et le marché qu’elle occupe étant une niche, les innovations restent un peu plus longtemps confidentielles, car relativement méconnues du grand public.

Le brevet n’est utilisé que ponctuellement, par exemple pour protéger la cinématique unique du bras de la pelleteuse. « Nous sommes fiers de cette innovation majeure, que nous souhaitons protéger durablement », nous explique encore Thomas Henke. Et de conclure par ce qui reste sa devise : « La meilleure protection, c’est d’avoir toujours un temps d’avance. »