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Projection des coûts d’un brevet

L’ingénieur d'une PME a réalisé une invention que l'entreprise envisage de faire breveter. Combien coûte la protection d’un brevet, du dépôt de la demande à la délivrance de celui-ci ?

Les investissements requis pour un brevet se composent des taxes fixes et de coûts découlant des décisions stratégiques.
Les investissements requis pour un brevet se composent des taxes fixes et de coûts découlant des décisions stratégiques.

Dans notre exemple fictif, l'ingénieur Michel Modèle, qui travaille dans une entreprise de haute technologie, a développé un mécanisme novateur pour une machine. Le management saisit immédiatement le potentiel que recèle cette innovation technique et souhaite la faire breveter. Cette trouvaille est une première pour la jeune société. Très vite se posent des questions sur le coût de l’opération.

 

Nous présentons, dans l'ordre, les frais auxquels doit s’attendre l’entreprise si elle dépose un brevet auprès de l’Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle (IPI). Précisons qu’il n’existe pas de prix forfaitaire pour une demande de brevet, abstraction faite des taxes de dépôt qui sont fixes, mais qui ne constituent qu’une part modique des coûts. Les autres investissements dépendent de la voie choisie, par exemple sur quels marchés ou dans quels pays l’invention sera commercialisée. Il est recommandé de faire appel aux services d’un conseil en brevets pour tirer au clair les questions fondamentales. Une liste d’experts se trouve dans le Réseau de conseil en PI de l’IPI.

 

1. Recherche assistée dans la littérature brevets : l’invention sous la loupe

Revenons-en à notre ingénieur Michel Modèle. Il aimerait connaître le potentiel de marché de son innovation et savoir si une idée identique a déjà été publiée par un tiers. Pour obtenir des réponses à cette question et à d’autres, il peut solliciter une recherche assistée dans la littérature brevets auprès de l’IPI. Les résultats obtenus sont précieux à la prise de décision et lui permettront d’y voir plus clair pour la suite des opérations.

Coûts : 300 francs

 

2. La rédaction du fascicule de brevet : l'erreur n’est pas permise

Le texte et les dessins figurant dans le fascicule de brevet constituent l’élément central de la demande de brevet. Ils décrivent comment fonctionne l’invention et ce qui doit être protégé.

 

La solution la plus avantageuse serait que l’inventeur élabore lui-même les documents techniques; elle pourrait néanmoins vite s'avérer très coûteuse. Le risque est grand en effet qu'il ne formule pas la protection de l’invention de façon assez précise. L'importance de la formulation peut sembler secondaire, mais celle-ci influence dans une large mesure la force du brevet. Si l’on part du principe que la société préfère jouer la carte de la sécurité, elle a recours à l’assistance d’un conseil en brevets.

 

Une décision judicieuse puisque la demande de brevet constitue la base de l’ensemble de la procédure de délivrance, ainsi que des éventuelles procédures d’opposition et des litiges. Celui qui effectue un tir raté lors du dépôt a laissé passer sa chance. « En principe, aucune information supplémentaire ne peut être ajoutée aux documents après le dépôt. L’extension ou la redéfinition du champ de protection de l'invention n’est possible que de manière très limitée », explique Philipp Rüfenacht de Keller & Partner Patentanwälte AG.

Frais de conseil en brevet pour la rédaction du fascicule de brevet : 3500 à 7000 francs.

 
 
 

3. Dépôt

Admettons que la société dépose une demande de brevet. Pour les brevets valables en Suisse et au Liechtenstein, les taxes s’élèvent à 200 CHF.

Coûts : 200 francs

 

4. Vérification de la nouveauté

La recherche relative à une demande de brevet suisse permet d’évaluer si l’invention est nouvelle et le fruit d’une activité inventive. Il est recommandé de faire faire une telle recherche puisque ces deux conditions à la brevetabilité ne sont pas examinées d'office en Suisse.

Coûts : 500 francs

 

5. Dépôt dans d’autres pays : identifier ses marchés

Se posent désormais des questions d’ordre stratégique puisqu’un brevet n’est valable que dans le pays du dépôt. En effet, si la société high tech de notre exemple souhaite protéger son invention aussi dans d’autres pays, elle devra déposer le fascicule du brevet suisse dans la langue du pays où la protection est requise et prévoir donc des coûts de traduction. S’ajoutent également, pour chaque pays, des taxes procédurales et des annuités. Avant de prendre cette décision, le management de la société doit engager des réflexions d'ordre stratégique et envisager uniquement les pays où un potentiel de marché est identifié pour l’invention. Il est donc opportun de développer suffisamment tôt une stratégie de marketing.

Coûts : taxes de dépôt et annuités pour chaque pays, coûts de traduction de 1500 à 3500 francs par langue.

 

6. Examen et délivrance

Après le dépôt a lieu l’examen et, dans l’idéal, la délivrance d'un brevet suisse par l’IPI.

Coûts : 500 francs pour la taxe d'examen

 

7. Annuités pour le maintien de la protection

La durée maximale de protection d’un brevet est de 20 ans à compter de la date de dépôt. Pour maintenir la protection d’un brevet, des annuités sont dues en Suisse dès la quatrième année. Si la société ne s’acquitte pas de ces taxes annuelles, la protection prend fin. Le montant des annuités, qui ont été récemment baissées en Suisse, augmente au fil des ans. Pour la quatrième année, elles se montent à 100 francs, puis elles augmentent chaque année de 20 francs jusqu’à la huitième année, ensuite de 40 francs, etc. Si le brevet est valable dans d’autres pays, des annuités sont également dues dans ces pays. Le montant varie de pays à pays.

Coûts pour 10 ans de protection en Suisse : 1180 francs

 
 
 

La société de haute technologie connaît désormais les coûts auxquels elle devra faire face

Michel Modèle et le management savent désormais que les coûts dépendent fortement du niveau d’assistance apportée par un conseil en brevets et des marchés sur lesquels l’invention doit être protégée. « Cela vaut la peine de réaliser une analyse coût-avantage », déclare Philipp Rüfenacht, conseil en brevets. Lorsque le bénéfice attendu (avantages concurrentiels grâce à l’exclusivité, recettes, valeur marketing, etc.) est supérieur aux coûts, il est pertinent de déposer une demande. Lors d'une prochaine réunion, la société de haute technologie devra décider si elle souhaite confier l’ensemble des tâches liées à la demande de brevet à un conseil en brevets. En moyenne, une demande suisse revient entre 7000 et 12 000 francs à compter du dépôt des pièces constituant la demande à la délivrance du brevet.

 
 

3 conditions de brevetabilité

Une invention peut être brevetée à condition de remplir les conditions suivantes :

 

1. Nouveauté

Autrement dit, l'invention ne doit pas être comprise dans l'état de la technique. L'état de la technique est défini par toutes les connaissances accessibles publiquement où que ce soit dans le monde avant le dépôt de la demande de brevet.

 

2. Activité inventive

Autrement dit, l'invention ne doit pas être évidente pour un homme de métier. Dans le droit des brevets, on entend par « homme de métier » une personne qui connaît l'état de la technique dans le secteur en question mais à qui il manque une certaine originalité. Une solution n'est par conséquent pas inventive si l'homme de métier qui est confronté au problème technique à la base de l'invention arrive sans autre à la même solution.

 

3. Application industrielle

L'invention doit pouvoir être utilisée, réalisée et reproduite industriellement.

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